Le site de Saint-Jean

Situé au Nord-Ouest d’Aigues-Vives, entre les chemins de Bonhomme et de Saint-Jean, le lieu-dit de Saint-Jean est chargé d’histoire et aurait été peuplé bien avant le village d’Aigues-Vives proprement dit.

Dans sa monographie de l’Aude, l’abbé Uthéza évoque pour la première fois le lieu-dit de Saint-Jean :  » En 1900, une charrue à vapeur en défonçant un champ appartenant à Mr Pagés, tout prés de la croix de St Jean sur le chemin de Bonhomme, remonta une quantité considérable d’ossements et d’urnes cinéraires gallo-romaines ». Des tombes faites de dalles, des fosses funéraires furent aussi mises à jour.

Lors de la pause d’une canalisation d’eau potable pour alimenter le village dans les années 80, l’entreprise SADE avait mis à jour des sépultures. Leurs positions sont à une dizaine de mètres de la croix en se dirigeant vers le village.

Depuis, des fouilles sur le site de Saint-Jean ont mis à jour des ustensiles, pièces, poteries, qui attestent une occupation humaine qui démarre à l’Age du fer (IIe et Ier siècles avant JC), continue du Ier au Ve siècle ap JC (période gallo-romaine) et se prolonge jusqu’au XIIe ou XIIIe siècle (moyen âge dit « classique »).

L’occupation a dû démarrer comme une exploitation agricole, placée aux abords d’une des routes commerciales entre les provinces de la Narbonnaise et de la montagne noire. Elle a pu ensuite se développer au long du Moyen-Age pour former une agglomération de plusieurs corps de bâtiments.

Quelques écrits anciens et la carte de Cassini (XVIIIe siècle, où apparaît l’église en ruine de St Jean) permettent de penser qu’un prieuré ou une église dédié à Saint-Jean-Baptiste a certainement été construit (au VIe siècle ?) et aurait contribué au développement de l’exploitation agricole. Cet édifice religieux était probablement à la tête du territoire de Villartignol (Villar Tinhoso).

Extrait de la carte de Cassini (XVIIIe siècle)

Il n’en reste cependant aucune trace (peut-être brulé par les huguenots au XVIe siècle), il était peut-être situé sous la route de Bonhomme, à l’emplacement de la croix de Saint-Jean (indiquée sur la carte IGN, juste à gauche du « S » de St-Jean).

On estime que l’habitat de Saint-Jean est totalement déserté à partir de la moitié du XIIIe siècle (elle est décrite comme sans habitant en 1269, car son recteur est sans charge d’âmes), certainement au profit du village fortifié d’Aigues-Vives (castrum) construit au XIIe siècle.

Il était en effet très fréquent à cette époque que les populations aillent se placer sous la protection des remparts de villages fortifiés.