Dans l’Aude, ce sont des grossistes en mercerie, les frères Joseph et Jacques Palau, qui organisent la première couverture systématique des 439 communes du département, qu’ils parcourent lors de leurs tournées commerciales. Ils engagent un photographe qui se rend entre 1900 et 1914 dans chaque village pour en fixer les monuments les plus importants (église, château, tour, porte, remparts, mairie, école, etc.) ou les paysages les plus représentatifs (promenade, lac, gorges, pic, etc.). L’ensemble compose ainsi une collection de 865 cartes doubles, soit 1 730 photographies parfaitement représentatives de la vie quotidienne des citadins et des ruraux avant la Grande Guerre. En plus des vues générales, toujours un peu figées, les scènes de groupes y sont fréquentes et témoignent de l’intérêt des populations. Loin d’être seulement un conservatoire des traditions, ces photographies font aussi apparaître des éléments de la modernité en marche. Aux charrettes et chevaux s’ajoutent ainsi des vélos, les premières automobiles, les trains et les tramways à vapeur. Sur le verso, les éditeurs placent évidemment les cadres destinés à la correspondance et à l’adresse postale, mais aussi une notice géographique et historique sur la commune concernée. Ces notices, dont l’intérêt ne le cède en rien à celui des photographies malgré leur caractère succinct, fournissent toutes sortes de renseignements. Une majorité d’entre-elles furent rédigées par l’érudit Michel Jordy, alors très actif dans le développement touristique du département.
D’après les personnes identifiées sur la rampe de l’église, les photos ont dû être prises en 1909.
La quatrième carte est une bizarrerie : ce sont les mêmes photos que la troisième, avec une numérotation différente. Pourquoi ?